Ma nouvelle technologie

par Randall Ayling


Je viens d'acquérir un "baladeur mp3" pour enregistrer l'orchestre.

L'appareil est prometteur pour enregistrer la musique acoustique : pas de bande donc pas de moteur donc pas de bruit. La seule difficulté est de déchiffrer le manuel. Je connais bien ce genre de prose mais celle-ci est encore pire que d'habitude. Le manuel en français a pour titre "french manual". Je finis par découvrir la "note" suivante au bas de la page 9 :
Ce n'est pas tout à fait fatal mais seulement à cause de mes besoins très particuliers. Et je viens de comprendre qu'il va me falloir à coup sûr un deuxième appareil si je veux communiquer. Je viens surtout de comprendre que j'ai sous les yeux une documentation ouvertement mensongère. En effet la boîte indique en toutes lettres : "tout ce que tu veux, tu peux le faire". Or ça, c'est une chose que je veux faire à coup sûr et le manuel me dit comment. Puis il y a la note. Je n'aime pas être pris pour un imbécile mais en même temps le procédé m'intrigue : la manière est sournoise. De la part d'un industriel j'attendais un ton plus direct. J'achète son appareil, pas son âme ! Je me fends d'une gentille lettre, un peu moqueuse :
La réponse ne tarde pas :
Le responsable du courrier du site coréen qui figure sur la boîte est inscrit aux abonnés absents. Le pauvre a été "effacé". Une visite au forum de discussion du site m'apprend enfin que je ne suis pas le premier à m'inquiéter. Voici un échantillon du forum :
Je poursuis ma recherche dans le site web européen de "MPMAN, l'inventeur du balladeur mp3" qui a visiblement "progressé" : ici, il y a un vide à la place du bouton "écrivrez-nous!" factice du le premier site. Ils s'en foutent royalement, persistent et signent.

J'ai longtemps pensé que l'industrie informatique, malgré de nombreuses errances et défaillances, pouvait se vanter d'un apport raisonnablement honnête et dans l'ensemble positif en termes de normes, d'innovation et de progrés techniques. Je commence à douter. Un conseil : n'investissez pas trop d'argent dans les appareils de reproduction car ils ne valent pas la peine. Vous les trouverez bientôt dans les boîtes de céréales. MPMAN par exemple se fiche éperdument de vous avoir pour client et ne s'en cache pas.

Si vous voulez lire une longue méditation sur le triste devenir de l'industrie du disque, cliquez ici : Lettre ouverte aux profiteurs
mardi 25 janvier 2005